Martine Reymond, clavecin, & Pascal Desarzens au violoncelle piccolo: XVIIIe siècle français, Bach et Ortiz

Ce fut un plaisir d’accueillir l’excellente claveciniste-organiste montreusienne Martine Reymond, qui a dialogué musicalement une soirée durant avec le violoncelliste lausannois Pascal Desarzens.

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Tout est prêt pour le départ ! Un dernier coup d’oeil complice…

Leur parcours musical nous a permis de découvrir, le temps d’une soirée, 3 mondes musicaux assez différents. D’abord, chacun des deux musiciens a joué deux instruments différents mais voisins, et deux époques disjointes ont ponctué cette soirée musicale très particulière.

Le programme se partageait entre de la musique française du XVIIIe siècle, avec des compositeurs relativement peu connus comme Jean-Baptiste Barrière (1707-1747) ou Jean-François Dandrieu (1682-1738), et un programme faisant alterner le grand Bach avec Diego Ortiz(vers 1510 – vers 1570), compositeur de la Renaissance espagnole.

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Un petit coup d’accordage au moment de passer au violoncelle pour les pièces françaises. Dieu que ces chevilles sont difficiles à tourner !

Pour interpréter Bach et Ortiz, Pascal Desarzens a joué d’un instrument très peu connu, le  violoncelle piccolo, qui est un violoncelle de dimensions normales, auquel a été ajoutée une 5e corde dans l’aigu, ce qui lui permet de jouer notamment presque tout le répertoire écrit pour la viole de gambe. Pour cette partie du programme, Martine Reymond jouait, elle, sur le clavecin « Ruckers », dont l’original historique se prête bien pour le répertoire de fin XVIe, XVIIe et début XVIIIe siècle.

Au moment de passer à la musique française, Martine Reymond se déplaçait naturellement vers mon clavecin français, un modèle du dernier tiers du XVIIIe siècle, parfait pour les oeuvres de musique française qu’ils ont choisi d’interpréter, alors que Pascal Desarzens troquait son violoncelle piccolo pour un violoncelle de type « normal », mais baroque…

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Cette fois-ci, ça roule, le violoncelle accordé donne toute sa mesure dans ces pièces françaises si élégantes et racées !

Un tel changement d’instruments représentait un certain risque, surtout que les interprètes n’avaient pas choisi de jouer successivement les 2 répertoires, mais les alternaient, alternant également donc le changement d’instruments.

Si cela a posé de très petits problèmes ici ou là, la prestation musicale a été d’excellente qualité, les oeuvres choisies très intéressantes et variées, dans la mesure où l’on passait du caractère « méditerranéen », soit vif, enlevé, passionné et bien rythmé de la musique de Diego Ortiz à la musique très élégante, richement ornée et chatoyante des compositeurs français, en passant par le dialogue des trois voix de sonates en trio de Jean-Sébastien Bach pour viole de gambe et clavecin, à l’écriture toujours aussi dense et riche qu’on connaît à Jean-Sébastien…

Le public ne s’y est pas trompé et n’a pas boudé son plaisir. Notre salon était parfait pour ce genre de prestation et ces instruments qui y sonnent très bien. Les interprètes ont également su donner le relief qui convenait à chaque pièce, Martine Reymond maniant avec dextérité les possibilités de registration et de toucher des deux clavecins joués.

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Martine nous lit scrupuleusement le texte très ampoulé que le compositeurs a fait figurer en préface de l’édition de ses oeuvres, à l’intention du commanditaire…

En plus, les pièces avaient été bien présentées au public, rendu attentif aux différences d’écriture et de caractères des pièces exécutées, ce qui est gage d’une meilleure écoute pour le public, qui pourrait autrement passer à côté, pour les « non-initiés », de certaines des nombreuses richesses de ce répertoire.