Épinette italienne modèle de type « Pisaurensis », XVIe siècle

L’instrument, en bois de cyprès, est placé dans une caisse, elle-même munie d’un couvercle (Photo P.-A. Beffa)

Épinette italienne de type « Pisaurensis » (Modèle original du XVIe siècle)

Ce qui frappe en regardant cet instrument, c’est sa forme étrange: trapézoïdale asymétrique, la caisse n’a ni angles droits ni faces de même longueur. Cette caractéristique se retrouve également sur les clavicordes de Pisaurensis, célèbre facteur italien du …XVIe siècle !

L’instrument est de la famille des épinettes, soit de petits clavecins à un clavier, faciles à transporter et peu encombrants. Sa forme épouse la surface occupée par les cordes et la table d’haromonie. L’étendue du clavier est de 4 octaves exactement (do – do), ce qui ne doit pas correspondre à l’original, qui avait sûrement une « octave » courte dans les graves.

Malgré sa petite taille, la sonorité en est étonnamment puissante, et plutôt agréable, même si le temps de résonnance des notes est très court, ce qui est normal pour un instrument de cette époque et de ce type.

J’ai acquis cet instrument « d’occasion » en 2008. Il avait été fabriqué en 1982 par le facteur de clavecins Bruce Kennedy, lorsqu’il résidait à Château-d’Oex. Il se trouvait sous la forme du « seul » instrument: les clavecins italiens, aux XVIe-XVIIe siècle, étaient de facture très fine et légère, avec caisse le plus souvent en cyprès, et sans couvercles, car ils étaient destinés à être placé dans une caisse plus robuste, a priori pour le transport.

Si on les sortait, dans les premiers temps, de leur caisse pour les jouer, on a progressivement renoncer à cette opération jugée « fastidieuse »; on a fini par les jouer dans leur caisse, couvercle ouvert, jusqu’au moment où on a cessé de construire séparément l’instrument de sa caisse.

L’instrument que j’ai acheté n’avait donc pas de caisse: j’en ai fait fabriquer une par Jean-Michel Chabloz, le facteur de mon clavecin français, qui a également réalisé une révision et une réharmonisation de l’épinette.

Enfin, cerise sur le gâteau: j’ai fait exécuter une peinture dans le couvercle de la caisse, par Mme Elisabetta Lanzoni, de Ravenne, la même qui avait réalisé la magnifique peinture dans le couvercle de mon clavecin français. Il s’agit là d’une peinture dans le style de Michel-Ange, assez réussie, malgré la difficulté de trouver un sujet « fonctionnant bien » sur une si petite surface, très allongée et étroite, à la forme singulière…

L’instrument n’est pas très facile à jouer: sa mécanique, dès le départ, n’a pas été conçue de manière très précise, et les travaux de « restauration » de l’instrument n’ont pas pu régler tous les problèmes. Mais l’instrument est parfaitement jouable, sonne bien, et c’est le seul instrument représentant la « facture italienne » que je possède, une facture très différente de celle des clavecins flamands puis français au XVIIIe siècle.