« Fables » de La Fontaine en costume et prononciation d’époque…

La Fontaine replongé dans une « ambiance XVIIe siècle »: sous les costumes et la diction à l’ancienne, le message et le relief de textes efficaces qui n’ont pas pris une ride…

Pierre-Alain Clerc en Raminagrobis... : C'est qu'il s'apprête "vraiment" à manger ses deux autres protagonistes de la fable ! On en frissonnait presque d'effroi...

Sachant l’événement d’importance, lorsque nous avons obtenu la venue de Pierre-Alain Clerc et de Philippe Despont pour nous faire partager leur fabuleux spectacle des « Fables de La Fontaine », nous avons tenté le pari de les inviter pour 2 représentations, les vendredi et samedi 28 Octobre 2005: pari réussi, puisque nous avons réuni 2 fois 50 personnes, toutes comblées, vous pouvez nous en accroire !…

Pierre-Alain Clerc est un artiste « polyvalent », avec une solide formation musicale d‘organiste et de claveciniste (organiste titulaire à St-Laurent et St-Paul à Lausanne), une formation de comédien et une spécialisation en rhétorique littéraire et musicale, centrée sur la période classique française.

Mettant tous ces talents simultanément à contribution, il a mis sur pied ce spectacle de déclamation de Fables de la Fontaine, dûment costumé, maquillé et poudré, et déclamant les fables selon la prononciation et le style de déclamation ayant cours à l’époque.

Or, loin de donner un caractère désuet, pompeux, amphatique ou « décalé » à ces textes, ce choix bien dosé et pesé insuffle une force et un impact formidable à des fables qui n’ont strictement pas pris une ride et sont même d’une actualité brûlante, tant elles dépeignent les travers d’une nature humaine qui ne change pas au fil des siècles… En outre, le talent de conteur du Sieur Clerc provoque des effets comiques propres à lui assurer l’écoute et le bonheur de petits et grands, des moins érudits aux plus exigeants…

Son compère Philippe Despont lui donne admirablement la réplique. Ce claveciniste-organiste lausannois, qui pratique avec bonheur l’art difficile de l’improvisation, nous met chaque fable en musique dès sa déclamation achevée, variant les atmosphères sonores et les registrations pour faire « parler musicalement » chaque personnage avec un caractère de bon aloi, d’autant que l’improvisation se fait selon le style et le goût musical en vogue à l’époque de Monsieur de La Fontaine. En outre, durant la déclamation de son confrère, Philippe Despont, affublé d’une fort sayante perruque, nous gratifie d’expressions et de mimiques qui soulignent les postures de son confrère…

Philippe Despont improvise des transitions entre les fables, ou des illustrations musicales de ces fables

Ces ingrédients dûments associés et dosés nous ont permis de déguster un breuvage de la meilleure cuvée. Du corbeau ridiculisé au héron prétentieux, de la mauvaise foi du loup à celle de l’homme dans « L’Homme et la Couleuvre », nous avons redécouvert des fables pourtant si rabâchées, rendues à leur fraîcheur originelle et à leur efficacité redoutable.

Le Conte de la Barbe Bleue, de Charles Perrault, qui « coupait en deux » le choix de Fables de La Fontaine, nous a fait palpiter et haleter jusqu’à la fin, avec le suspense de la « Soeur Anne, ma soeur Anne, ne vois tu rien venir ? » répété avec insistance. Et de redécouvrir toutes ces expressions passées à la postérité telles « …si ce n’est toi, c’est donc ton frère !… ». Nous passâmes, ne vous déplaise, deux fort édifiantes et divertissantes soirées, tant la bêtise, la vaniteuse et la prétentieuse nature humaine sont une infinie source d’inspiration et de plaisirs raffinés… On en redemande…