« Espantar » égrène ses fabliaux…

Compte-rendu de la soirée:

Espantar dans ses oeuvres: textes, chants, instruments, mise en espace de postures et de mimiques, avec un effet saisi sur le vif: un fabliau de Nicolas, transformé pour un instant en grand-prêtre d'une grand-messe ...des ânes !

Des fabliaux accrocheurs… de grands frissons… des éclats de rire… un public totalement en symbiose !

Samedi 4 février, La Goulue recevait de nouveaux artistes-hôtes, le groupe « Espantar », composé d’Anne-Sylvie Casagrande, Gisèle Ryme, Nicolas Favre et Hervé de Pury. Nouveaux ? Voire… Les deux femmes forment également les 2/3 des effectifs du groupe « Nørn », que nous recevions en avril 2005, avec à peu près le même succès…

La recette ? Prenez de courts fabliaux, fort bien tournés par Nicolas Favre, très inspirés des bestiaires et des fabliaux médiévaux, distillant anecdotes croustillantes, chutes imprévues et morales ébouriffantes, textes bercés, portés, soulignés par des musiques foisonnantes d’inventivité et de clins d’oeil, composées par Anne-Sylvie Casagrande;

musiques tirant leur inspiration de mélodies médiévales réelles ou inventées, mais réécrites et harmonisées, voire épicées d’agréments spontanément improvisés, au gré des interactions avec un public de plus en plus chaud, attentif et rapidement acquis sans réserve à la cause de nos compères et …commères (ah, cette langue française machiste…).
Rehaussez le tout de beaux costumes, d’une panoplie impressionnante d’instruments utilisés parfois de manière inattendue, voire même comme accessoires décoratifs, appréciez une inspiration sans faiblesse, sans cesse renouvelée, une atmosphère bien campée et cohérente, un fil conducteur qui ne nous lâche pas une seconde, et vous aurez à l’arrivée un intense sentiment de bonheur, de (bon) génie inspiré, un voyage vers l’inattendu, tout en ayant constamment le sentiment d’avoir déjà entendu ça quelque part…

En bref, l’essence même de l’art, un artifice ravalé au rang de naturel, qui semble couler de source… et il coule de source, tant l’alchimie des interactions entre les quatre partenaires est au point, rodée mille fois; tant le plaisir, voire la jubilation de l’événement créé et vécu comme si c’était la première fois sont perceptibles. Nulle routine, nul temps mort, l’envie de communiquer ajoutée au confinement du lieu, une atmosphère de veillée « au coin du feu » qui se mêlent à la proximité géographique des convives d’une géniale potée musicale, dont chacun s’en repart goulûment rassasié, repu mais sans indigestion…

Au résultat: une collecte gargantuesque à la (dé)mesure d’un événement véritablement hors du commun. On en redemande !