« CH.AU »..de ambiance musicale à La Goulue !

Compte-rendu du concert:

Pour le concert d’ouverture de la saison 2007 des « Concerts à La Goulue », placée sous le thème des instruments à clavier, nous avons accueilli un véritable « orchestre » le 4 Février dernier: La « Compagnie CH.AU », qui a débarqué avec pas moins de 8 musiciens, accompagnés d’un imposant matériel.

Le podium de « La Goulue » paraissait en effet bien trop exigu pour recevoir tout ce monde et ses nombreux « accessoires » musicaux: contrebasse sonorisée, piano, guitare et guitare électrique, violon, saxophoniste avec 3 instuments, percussionniste avec un grand métallophone, basson… Finalement, avec un chausse-pied, le contrebassiste jouant juché sur la dernière marche des escaliers menant à l’étage, tout le monde a pu s’entasser sur le « radeau de la méduse » devant un public …médusé.

Public qu’on eût pu attendre plus nombreux. Le « risque » de venir assister à une telle performance musicale assurée par un groupe si nombreux et …hétéroclite, le choix d’un répertoire contemporain écrit par un seul compositeur (? son nom est « perdu » pour le moment), inconnu, jeune et américain de surcroit, a dû rebuter nombre de gens… Je regrette toujours autant le peu de curiosité de nombreux mélomanes, qui ne semblent pas désirer explorer de nouveaux horizons sonores.

Il faut dire que nous étions conviés à une grand-messe de musique minimaliste ! Diable, ça peut retenir du monde… Mais de fait, oh divine surprise, la musique était drôle et ne se prenait pas trop au sérieux…, contrairement aux musiciens, qui eux, se devaient de ne pas se déconcentrer une seule seconde: cette musique-là, faussement répétitive, mais qui progresse comme en reptation, offrant un motif simple qui se métamorphose à chaque reprise, requiert une grande attention et de solides notions mathématiques…

Mais l’amusant résidait justement dans la fascination que le compositeur éprouve pour les mathématiques, dont diverses curiosités étaient mises en musique. Qui plus est, il y avait un 9e interprète…: le public, appelé à s’associer à certains morceaux. L’humour se retrouvait également sous les traits d’une oeuvre qui se veut une tentative …tâtonnante d’un pseudo-compositeur qui doit écrire une phrase musicale introductive. Il va se servir du métallophone pour esquisser une petite mélodie un peu tortueuse, exécutée une fois… Le musicien se dit alors que la phrase est peut-être un peu longue… Il la rejoue avec quelques notes en moins, mais c’est encore trop long… L’exercice se répète donc à plusieurs reprises, jusqu’au moment où il ne reste plus que très peu de notes. À ce moment, le musicien se dit qu’il est tout-de-même allé trop loin, et qu’il faut rallonger un peu… Petit-à-petit, il va donc rajouter des notes, et la phrase va se remétamorphoser, mais pas exactement à l’identique bien sûr, jusqu’à retrouver à peu près la même longueur que la première version. À ce moment, le musicien-compositeur décide que finalement, la première version était la meilleure !

Autre exercice: mettre en musique un théorème d’un obscur mathématicien indien d’il y a des siècles en arrière, qui consiste en une formule mathématique pour dénombrer le nombre de vaches et de veaux d’un troupeau qui se constitue à partir d’une première vache qui accouche d’un veau par année, chaque veau enfantant également un veau par année dès la 4e année. On fait donc le calcul des effectifs du troupeau chaque année, et ce pendant …16 ans ! Chaque année, les instrumentiste émettent un son à une certaine hauteur et à une certaine vitesse, pour représenter vaches et veaux de chaque génération. Au bout de plusieurs années, le dénombrement annuel devient assez long, et les erreurs d’exécution par les instrumentistes inévitables…

Au bout du compte, ce fut une soirée très originale, amusante comme tout, décoiffante en ce que les musiciens ne se prennent pas trop au sérieux mais prennent au sérieux leur public en ayant soigneusement préparé cette performance ! À nouveau, les absents se sont privés de découvrir un univers sonore particulier qu’on n’a pas l’occasion d’entendre tous les jours.